Les lieux touristiques à Moscou en rapport avec la France

Salut à tous !
Je m’appelle Ksenia et je suis guide-traductrice à Moscou, l’une des plus belles villes du monde. Dans cet article, je parlerai des sites touristiques de Moscou associés à la culture française.

Kolokol, la « Reine des cloches »

L’énorme cloche, sans égal, pesant 202 tonnes, a été coulée sur ordre d’Anna Ioannovna en 1735. Elle représente les portraits du tsar Alexei Mikhailovich et d’Anna Ioannovna elle-même.

En novembre 1735, le moulage de la cloche du tsar fut achevé avec succès, mais elle resta dans la fosse, où elle fut ensuite traitée.
Là, la cloche a été prise dans le terrible incendie de la Trinité qui a éclaté au Kremlin en mai 1737. Après l’incendie, des fissures ont été découvertes le long du fût inférieur de la cloche, deux d’entre elles ont convergé, brisant un morceau pesant 11,5 tonnes. Des projets pour extraire la Tsar Kolokol de la fosse ont surgi à plusieurs reprises… Mais la cloche est restée sous terre jusqu’à l’apparition d’un Français !

En 1816, l’architecte Auguste de Montferrand arrive en Russie. C’est l’auteur de la colonne d’Alexandrie érigée à Saint-Pétersbourg et de la majestueuse cathédrale Saint-Isaac. En 1836, il arrive à Moscou et supervise les travaux au Kremlin : un échafaudage est construit au-dessus de la fosse de la fonderie, où se trouve encore la cloche, et un mécanisme de levage composé de blocs et de cordes est construit.

La première tentative pour extraire la cloche échoue, mais la deuxième est un succès : la cloche est retirée de la fosse en 42 minutes et un ornement est fondu dessus. Ainsi naît l’une des attractions du Kremlin. Les touristes adorent se prendre en photo devant l’immense cloche et son fragment pesant 11,5 tonnes.

En russe, cet objet s’appelle la Tsar Kolokol. Mais en traduisant, on peut se tromper car en français le mot « cloche » signifie aussi « idiot ». Ainsi, lorsqu’on parle de « La Reine des cloches », on fait bien référence ici à la fameuse cloche du Kremlin !

Kolokol, la “Reine des cloches”

Le GUM

Situé sur la Place Rouge, il s’agit d’une belle structure architecturale et d’un grand centre commercial. Depuis des temps anciens, il y a toujours eu des galeries marchandes près des murs du Kremlin.

Aux XVIIIe et XIXe siècles furent construites les premières rangées de boutiques (gostiny dvor) en pierre, conçues pour donner un aspect civilisé à l’espace commercial. Cependant, derrière la façade en pierre, des bancs en bois bondés étaient cachés et des conditions insalubres régnaient. Une longue confrontation entre l’administration municipale et les commerçants, qui ne voulaient pas manquer de profits lors de la construction d’un nouveau complexe, s’est soldée par la victoire du maire en 1888.



Les Galeries du Commerce Superieur, construites selon les plans de Pomerantsev, ont été ouvertes en 1893. L’empereur lui-même était présent à l’inauguration. Les visiteurs ne venaient pas tant faire du shopping que se promener dans les galeries chaleureuses et lumineuses, couvertes d’arches de verre, reliées par de gracieux ponts, avec de beaux salons et boutiques – il y en avait plus de 1000!



Cette même année, les Galeries Lafayette apparaissent à Paris. Et bien que le célèbre bâtiment en face du Grand Opéra n’ait été construit qu’en 1912, les idées des frères Kahn ont été empruntées dès le XIXe à Moscou: grandes fenêtres, étiquettes de prix, ventes, friandises – du thé et du café – pour les visiteurs.

Un peu plus tard, des soirées musicales commencent à se dérouler dans les Galeries du Commerce Superieurs, un cinéma fait son apparition, puis la célèbre fontaine. À l’époque soviétique, grâce à la Nouvelle Politique Économique, le bâtiment reste un centre commercial. Mais le nom change : il s’agit désormais du Grand Magasin Principal. GUM est devenu la principale vitrine de l’Union Soviétique. Dans les années 1990, l’URSS a cessé d’exister mais GUM est resté, passé sous la direction de la companie Bosco et il s’efforce à nouveau d’égaler la splendeur des Galeries Lafayette.

Les boulevards de Moscou

Aujourd’hui, évoques les magnifiques îlots de verdure au centre de la capitale que sont les boulevards qui se succèdent. Leur enchaînement est interrompu par le cours de la rivière Moskova, ainsi, le « Boulevards en anneau » n’est en réalité pas un anneau, mais plutôt un fer à cheval.

La patrie des boulevards est considérée être Paris, où ces rues ont été créées à la place des murs de fortification à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle. Autrefois, le mot « boulevard » (allemand bollwerk) désignait une fortification pour la défense circulaire. L’origine des boulevards moscovites est la même ! Ils ont été aménagés à l’emplacement des anciens remparts de pierre blanche à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.

Boulevard Tverskoï

Le tout premier et le plus long d’entre eux est le boulevard Tverskoï, créé en 1796 sous la direction de l’architecte Karin. Des bouleaux y ont été plantés, mais plus tard, lorsque les bouleaux n’ont pas pris racine, ils ont été remplacés par des tilleuls. Le long du boulevard, de nombreux manoirs aristocratiques ont vu le jour.

Pouchkine y venait souvent – dans l’un de ces manoirs, lors d’un bal, il a rencontré sa future épouse. Sur le boulevard pousse un chêne bicentenaire, que l’on appelle le chêne de Pouchkine. À la fin du boulevard, en 1880, un monument en l’honneur du poète a été érigé. D’ailleurs, Pouchkine a également un certain lien avec la France.

Tverskoi boulevard

Alexandre Sergueïevitch Pouchkine

Comme tous les enfants de nobles, Sasha (diminutif pour Alexandre) a étudié le français dès son plus jeune âge. Accro à la lecture, il commence lui-même à l’âge de sept ans à composer de petites comédies en français, qui imitent celles de Molière. Il s’inspire à la fois de La Fontaine et de Voltaire.

Au lycée d’élite de Tsarskoïe Selo, près de Saint-Pétersbourg, Alexandre a étudié mal, mais a continué à lire beaucoup et à écrire des textes en français. Sergueï Komovsky, étudiant au lycée, a rappelé qu’en raison de son amour pour cette langue, Pouchkine “était traité… par moquerie de Français“.

Après le Lycée, Pouchkine est devenu un célèbre écrivain russe. Au cours des 37 années de sa vie, il a créé 427 œuvres – poèmes, romans, contes de fées, drames, ouvrages historiques, articles. Le poète est mort dans un duel aux mains de l’officier Georges-Charles d’Anthès, français de naissance…

Statue de Pouchkine sur le boulevard Tverskoï

Sur le boulevard Tverskoï à Moscou, où un monument à Pouchkine a été érigé en 1880, se trouve aujourd’hui le « Café Pouchkine ». Lorsque les touristes français venaient à Moscou, ils posaient invariablement des questions sur lui. La chanson romantique “Nathalie”, écrite par Gilbert Becaud en 1964, évoque le Café Pouchkine, où l’auteur aimerait boire un chocolat chaud avec sa guide, la blonde Nathalie. Ce café n’existait pas en 1964 ! Mais il a ouvert ses portes en 1999 sur le site d’un domaine des XVIIIe et XIXe siècles, où Pouchkine rendait visite au noble Rimski-Korsakov. Malheureusement, lors de la création du restaurant, le monument architectural fut démoli. Cependant, les visiteurs sont promis à une immersion dans l’époque de la Russie tsariste à travers les intérieurs, les détails antiques et la cuisine russe.

Le café Pouchkine

Et qu’est-ce que le poète Pouchkine a à voir là-dedans ? Cela n’a plus rien à voir, maintenant Pouchkine est un emblème. Mais l’héritage culturel de cet emblème a non seulement une composante russe, mais aussi française.

Ksenia Kochneva
Ksenia Kochneva

Doctorante en histoire, guide-traductrice

Publications: 1

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