Les bénéfices du jeu dans l’apprentissage d’une langue étrangère ne sont plus à mettre en doute.
Depuis Montaigne, jusqu’au Cadre européen commun de référence pour les langues, on en fait référence.
Mais si de nombreux genres existent, penchons-nous sur les plus communs dans notre contexte d’enseignement/apprentissage du FLE à Moscou.

1.Les jeux linguistiques pour apprenants de français:

Ils permettent l’emploi répété de structures grammaticales, de vocabulaire, dans un contexte ludique. Cela permet l’automatisation de la langue.

Un exemple ici avec plusieurs tablées de jeux linguistiques, du niveau A1 à C1.

Si vous êtes professeur de français, on ne saurait mieux vous recommander le site des Zexperts pour ce genre de jeux.

Jeux linguistiques

2. Les jeux de société

Ce sont des jeux à l’attention des locuteurs natifs, dont l’unique but est de jouer.
Mais selon le niveau de langue, certains sont accessibles aux apprenants de français.
Prenons ici l’exemple de Sandwich, en démonstration.

Sandwich

Comme on peut voir, si l’on maitrise le vocabulaire des aliments, il nous reste plus qu’à utiliser des formules du type: “Je t’échange des poivrons contre ton poisson”, et l’on peut déjà jouer dès le niveau A1.
On peut rendre le jeu plus difficile en demandant (comme dans cette vidéo) aux apprenants de convaincre les autres que leur sandwich est le meilleur. On arrive ainsi rapidement sur du A2.

Quant aux jeux argumentatifs, ils peuvent exiger un solide niveau de langue.
Ici le jeu du président (pour des apprenants B2+) en démonstration avec 2 natifs et 2 russes

3. Les jeux de rôle/ jeux théâtraux

Un énorme apport sur les plans personnels et linguistique.
Ils peuvent nécessiter un temps de préparation très extensible, en fonction du rôle à jouer, et du niveau de langue visé.
Un exemple ici, à partir du niveau A2+, avec un jeu de rôle.

Hormis le plaisir de jouer, pour quelles raisons le jeu est-il bénéfique?

D’un point de vue pédagogique:

  • La dynamique du jeu permet une prise de parole facile. On parle parce que l’on veut jouer, ou gagner.
  • Il fait entrer dans la classe une situation de communication authentique. On ne fait pas semblant de faire quelque chose, on participe à une activité réelle, on joue vraiment. Cela suppose la mise en place d’interactions sociales authentiques.
  • Le changement de focalisation: se mettre dans la peau d’un joueur permet une prise de distance par rapport à soi-même et ses attentes. On est à la fois détaché et décomplexé, mais aussi très impliqué dans son rôle de joueur. J’ai envie de gagner, je mets en place des stratégies, je m’intéresse au processus.

D’un point de vue linguistique/culturel:

  • Il faut d’abord noter que le jeu fait généralement travailler presque toutes les compétences linguistiques évoquées dans le CECRL:
    réception orale/écrite, production orale en continu, interaction orale, et aussi parfois médiation.
  • Il développe le vocabulaire (pour les jeux de type Scrabble), les compétences discursives (cohérence et organisation du discours), les compétences para-verbales (intonations, accentuations, onomatopées), non-verbales (gestes, mimiques, mimes, mimiques), ainsi que tous les éléments culturels.
    Regardons ici les statistiques d’une session de Sandwich (voir test plus haut), avec la fréquence de l’utilisation des connecteurs logiques (mais, aussi, parce que, comme…) selon le niveaux des participants.

Merci à Lucile Soudier, blog ici
  • Pour les joueurs avancés (C1-C2) et les locuteurs natifs, on développe la connaissance des implicites (sémantiques ou culturels).

D’un point de vue cognitif et affectif:

  • Il développe des fonctions cognitives mises en actions par le jeu lui-même (attention, mémorisation, catégorisation, déduction…)
  • il développe des liens affectifs entre les participants et crée du tissu social.

Comment les utiliser?

À l’heure du tout gamification, le jeu est à la mode.
Cependant, jouer en classe de langue ne se fait pas n’importe comment.
Pour les professeurs, quelques conseils:

1. Le contexte d’apprentissage:
Il faut créer une atmosphère détendue, une ambiance de confiance où les apprenants sentent qu’ils peuvent se découvrir et laisser parler leurs émotions.

2. Le choix du jeu:
Il est nécessaire de choisir les jeux qui conviennent aux objectifs du cours, au type de méthodologie choisie, et au type d’apprenants que l’on a en face de soi.

3. Le rôle du professeur:
Il doit être convaincu du bien fondé du jeu, car cela se sent.
S’il faut montrer l’exemple ou participer, il le fait avec sincérité et enthousiasme, et doit aussi s’exposer.
Car s’il ne le fait pas, il n’y a aucune raison pour que ses élèves le fassent.
Il peut néanmoins se tenir en arbitre, modérateur, animateur du jeu, dont il doit parfaitement connaître les règles.

Conclusion

Le jeu est une grande source de plaisir.
Il contribue à une bonne ambiance et ressert les liens entre les participants, qui pratiquent intensément la langue sans s’en rendre compte.
Il peut apporter une super dynamique de classe et avoir des répercussions sur les attitudes générales des étudiants, qui grâce au jeu, n’auront plus peur de prendre la parole, d’exprimer leur pensée ou leur sentiment.

Pour les profs, voici le lien vers le site de Haydée Silva, grande prêtresse des jeux en classe de FLE depuis bien longtemps. Son blog compte au compteur 1,5 millions de visiteurs.

Sue la chaine Youtube du Quartier français, vous trouverez aussi d’autres types de jeux en démonstration (ainsi que plein de chansons françaises!).
Que l’esprit du jeu soit avec vous! ?

Clément Gabriel
Clément Gabriel

Professeur de français au Quartier francophone, chercheur indépendant dans le domaine de l'apprentissage/enseignement des langues étrangères

Publications: 83

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